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Thérèse Sita-Bella entered the world of cinema even before most of the filmmakers that are recognized today as pioneers. Trailblazing journalist from Cameroon, she made Tam Tam à Paris in 1963. The 30-minute film documented the National Dance Company of Cameroon during its tour in Paris. It was featured at the first FESPACO in 1969, alongside the films of Mustapha Alassane (Niger), Ousmane Sembene (Senegal), Ababacar Samb (Senegal), Urbain N'Dia (Cameroon), Paulin Vieyra (Senegal), and Momar Thiam (Senegal).
Thérèse Sita-Bella had a long, productive career in radio and print journalism. During the 1989 interview translated from French to English below, she indicated that she has many scripts that she would like to put to film and, upon her retirement, hoped to be able to do so. But she left us in January 2006, forgotten and virtually unknown in her own country. Thus, as we recognize her accomplishments at conferences, in blogs and articles about women in the history of African cinema, it must also be emphasized that African cultural producers must struggle nonetheless to produce and work. And now with the increased interest in Africa’s pioneers in cinema, one may ask how this groundbreaking journalist, cineaste, pilot, descended so deeply into obscurity, having defied her own assessment of her place as a filmmaker, asserting: “you know cinema is not a woman's business".
French to English translation by Beti Ellerson of an interview by André -Marie Pouya. Amina Magazine #233, September 1989.
Voir la version originale en français après la version anglaise ci-dessous
Thèrése Sita Bella participated in the creation of La vie africaine, the first African journal in France, where she worked until 1964-1965. Afterwards, she spent six months at UNESCO [based in Paris] and also participated in the creation of many radio programs destined for listeners in Africa, including the African Service of the BBC in French, and Radio-Cologne, Germany. She was also correspondent for Voice of America, as well as the Radio Television Luxembourg, then the ORTF (Office de Radiodiffusion-Télévision Française), the French Radio. She returned to Cameroon in 1967, where she immediately began working at the Ministry of Information. Today she is chief deputy at the Department of Documentation.
What are your thoughts on the evolution of the press in Africa?
The press in Africa is experiencing enormous difficulty. The private press needs a lot of advertising capital. As advertisers are often the target of these articles, journalists are not able to present burning issues. If you published an article opposing alcohol or tobacco, companies engaged in these businesses are reluctant to give you their advertising market.
We are now on the verge of a kind of journalistic prostitution...Political problems should be taken into account. Initially, the press was very limited in expression. Since the election of President Paul Biya, power is a bit more balanced. Leaving a little more freedom of expression to the so-called official press. Curiously in the official press, the radio and television, we read and hear things that the private press would not have dared mention in the past. We are witnessing the democratization of the press. We see an evolution both in form and in substance. The content is much more interesting, since people can say freely what they think.
Obviously, there is self-censorship. Journalists are not going to say and write things that would cause their articles to be censored. For example, they are not going to endanger state security. With the arrival of the national television, we are experiencing an upsurge in media expression.
Do Camaroonians politically support the press?
Everyone knows that when a major newspaper is censored it arouses curiosity. People want to know why there is censorship. When a newspaper is seized, people always find a way to get hold of it. The shrewd ones operate similarly to sell foreign newspapers that have been seized.
I think the majority of the population in Cameroon support Paul Biya, because they hope he will bring improvement with change. Democratization is already a reality. This is evident in recent local and parliamentary elections and even during the presidential elections. It turns out that people living in different regions work together on the same newspaper, though there are heated debates in the newsroom. The consensus that emerges gives some credibility to the press. It is a kind of internal democracy.
Has the upsurge of the press diminished the power and appeal of the “sidewalk radio”?
Not at all. To the contrary, in most of the private newspapers there is always a section dedicated to the “sidewalk radio”: “I heard that…”, “the President said that…”, “the sorcerer predicts that…”
We try to tell the story in the manner of La Fontaine, portraying political figures by changing their names a bit. We also simulate people chatting in a bar. Each saying: "I heard that...” Information believed to be confidential or top secret by the powers to be is filtered into the story.
Sita Bella, have you thought about writing a book?
I continue to write at the present. I have some ideas, and it is never too late to write about them. If I do publish them, the purpose will be to inform and teach. Remember that I am also a filmmaker. I have many scripts that are lying idle that I would love to bring to fruition. I plan to retire soon and filmmakers are ageless. This will be my way to leave a message…
Propos recueillis par:
André Marie Pouya
Amina #233 Septembre 1989
Elle participé à la création du première journal africain en France qui avait pour titre La Vie Africaine, où elle a travaillé jusqu'en 1964-1965. Ensuite elle a été six mois à l'UNESCO et a également participé à la création de beaucoup d'émissions radiophoniques à destination de l'Afrique et notamment au service africain de la B.B.C., en français et de radio-Cologne, en R.F.A. Elle a été également correspondante de la Voix de l'Amérique, sans compter la Radio Télévision Luxembourg puis de l'O.R.T.F. Elle est rentrée au Cameroun, en 1967, aussitôt engagée au Ministère de l'Information. Aujourd'hui elle est chef de service adjoint de la Documentation.
Quel jugement portez-vous sur l'évolution de la presse en Afrique?
La presse, en Afrique, connaît une énorme difficulté. La presse privée a besoin de beaucoup d'apport de la publicité. Comme les annonceurs sont souvent la cible des articles de presse, les journalistes éprouvent de la difficulté à aller au fond des choses. Si vous faites paraître un article contre l'alcool ou contre le tabac, les entreprises dont c'est l'activité rechignent à vous accorder leur marché, de publicité. Vous êtes alors à la limite de la prostitution... Les problèmes politiques sont à prendre en compte. Au départ, la presse était très limitée dans l'expression. Depuis l'avènement du président Paul Biya, le pouvoir a lâché un peu de lest. On laisse un peu plus de liberté d'expression à la presse dite officielle. Curieusement dans la presse officielle, la radio et la télévision, nous lisons, nous entendons des choses qu'elle-même la presse privée n'aurait pas osé évoquer par le passé. Nous assistons à la démocratisation de la presse. Nous voyons une évolution, tant dans la forme que dans le fond. Le contenu est beaucoup plus intéressant, dans la mesure où les gens peuvent dire, librement ce qu'ils pensent. Evidemment, ils s'autocensurent et ne vont pas jusqu'à dire et écrire des choses qui entrainaient une censure de leurs articles. Par exemple, ils ne vont pas attenter à la sûreté de l'état. Avec l'arrivée de notre télévision, nous vivons une explosion de l'expression médiatique.
Les citoyens camerounais soutiennent-ils politiquement la presse?
Tout le monde sait que c'est quand un grand journal est censuré qu'il éveille la curiosité. Les gens veulent savoir le pourquoi de la censure. Quand un journal est saisi, les gens trouvent toujours le moyen de se le procurer, sous le manteau. Les petits malins opèrent pareillement pour écouler les journaux étrangers qui ont été saisis. Je crois que la majorité de la population, au Cameroun, soutient Paul Biya, parce qu'elle espère qu'il va apporter un mieux dans le changement. La démocratisation est déjà une réalité. Nous l'avons vu lors des dernières élections municipales et législatives et même lors des présidentielles. Il se trouve qu'à l'intérieur d'un même journal cohabitent des ressortissants de régions différentes, il y a un débat houleux au sein même des rédactions. Le consensus qui se dégage donne une certaine crédibilité à la presse. C'est une sorte de démocratie interne aux journaux.
L'éclosion de la presse a-t-elle diminué la force et l'attrait de Radio-Trottoir?
Pas du tout. Au contraire, dans la plupart de ces journaux privés, vous aurez toujours une page réservée à Radio-Trottoir: «On dit que...», «Le Chef a dit que...», «Le sorcier a prédit que ...».
On essaie de raconter l'histoire à la manière de La Fontaine. On met en scène des personnalités politiques, en changeant un peu les noms. On simule aussi les gens qui bavardent dans un bar. Chacun dit: «Moi, j'ai entendu que ... ». On y délivre ce qui a filtré de ce que certains responsables croient détenir comme confidentiel ou très secret.
Sita Bella, l'idée vous est-elle venue d'écrire un livre par exemple?
Pour le moment, je suis employée aux écritures. Les journalistes sont employés aux écritures. J'ai quelques idées. Il n'est jamais trop tard pour bien faire. Si j'écris un jour, ce sera dans un but didactique. Je suis en train d'écrire sur l’information et relations humaines. Je mets ce genre de choses en chantier. N'oubliez pas que je suis cinéaste. J'ai beaucoup de scénario qui chôment et que j'aimerais bien réaliser. Je vais prendre ma retraite d'ici quelque temps et les cinéastes n'ont pas d'âge. Ce sera ma manière de laisser un message...
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